Toulouse. Le climat social se durcit chez Airbus, des salariés se mettent en grève

Rédigé le 04/05/2021

Un débrayage a eu lieu, lundi 3 mai 2021, dans la matinée, chez Airbus Aviation, au sein du pôle peinture à Toulouse.



« Une cinquantaine de salariés ont fait grève », indique Olivier Le Penven, salarié chez Airbus et présent sur place au nom de la CGT. « Nous réclamons une augmentation générale de 100 euros, mais aussi que la direction revienne sur différents accords signés, notamment le retour de certaines primes, et qu’elle nous rende les jours de congés pris pour répondre, soi-disant, à la crise sanitaire. Nous voulons enfin la garantie de retourner aux anciens horaires de travail une fois la crise sanitaire terminée. Vu les derniers chiffres publiés par le groupe, nous estimons que l’entreprise n’a plus besoin de faire des économies sur notre dos ».

Un sentiment de ras-le-bol

« Le mouvement est parti du pôle peinture, à l’initiative de salariés syndiqués et non syndiqués », poursuit Patrice Thébault, délégué syndical central pour la CGT. « Les salariés en grève sont allés sur les différentes chaînes et ateliers pour tenter d’élargir le mouvement. L’objectif est de revenir sur les reculs subis depuis un certain temps. Cela fait des années que l’on demande aux salariés de rester à leur place, de ne pas se mêler de ce qui les concerne en réalité : de nouveaux aménagements de travail qui empiètent sur la vie privée, des primes rabotées et la perte définitive d’un jour de congé,… Tout cela nourrit un ras-le-bol, à juste titre ».

Cette matinée de débrayage est perçue, pour Patrice Thébault, comme une victoire en soi :

C'est la démonstration qu'il est possible de se mobiliser chez Airbus. Nous sommes très fiers, à la CGT, d'avoir pu contribuer à ce mouvement. Le dernier débrayage remonte à quelques années... Ce n'est pas simple, car les salariés subissent des pressions.

Patrice ThébaultDélégué syndical central CGT

Une délégation a été reçue par la direction, afin de porter les revendications. « Il est temps que la direction entende la voix des salariés », conclut-il. « C’est un signal qui lui est envoyé ». 

D’autres négociations qui coincent 

En parallèle, chez Airbus Defence and Space, un front syndical s’organise autour des négociations portant sur les salaires. Dans la période qui s’étale du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, un gel avait été acté en raison de la crise sanitaire et de ses implications financières. 

Pour rappel, cette division a déjà fait l’objet d’un plan social actant le départ de 248 personnes sur un effectif de 4 300 salariés à Toulouse.

Une pétition en ligne

Malgré plusieurs succès commerciaux récents au sein de la division, la direction propose une revalorisation des salaires de 1,5%. « C’est un peu la douche froide », estime Gérard Escande, délégué syndical pour la CFDT. « La proposition est en deçà de nos attentes, d’autant que notre branche a connu de bons résultats l’an dernier ». Une pétition à l’initiative de la CFDT circule actuellement. Plus de 700 salariés ont déjà répondu, et 99% trouvent insuffisantes les propositions de la DRH. 

Une nouvelle réunion, mardi

Une nouvelle réunion de négociations, la quatrième, est programmée avec la direction ce mardi 4 mai 2021. Hervé Pinard, délégué syndical central CFDT, estime que l’augmentation générale doit être là pour « couvrir l’inflation » et l’augmentation individuelle doit permettre de « gérer les carrières ». Par conséquent, la CFDT réclame, en plus d’une augmentation générale de 1,5%, un budget pour la gestion des carrières. L’augmentation serait alors comprise « entre +3% et +4% ». 

De son côté, le syndicat CGT est lui aussi monté au créneau. À l’origine d’un mouvement de grève, le syndicat demande 4% d’augmentation générale « pour rattraper 2020 et 2021, et un minimum de 100 euros pour les petits salaires ». « La très bonne santé de la branche Defence and Space le permet largement », insiste Sébastien Rostan, représentant du personnel CGT. La grève a été reconduite, mardi 4 mai, avec une action des salariés devant le site de production Astrolabe.

Contactée par Actu Toulouse, la direction confirme que des négociations sont toujours en cours et devraient prendre fin mardi. 

Par Hugues-Olivier Dumez

source actuToulouse